samedi 11 juillet 2020

Rémi et sa barbe de Robinson


 

-  Dis moi sincèrement Catherine, comment me trouves- tu avec la barbe ?

-  Masculin, posé, un brin plus sérieux mais séduisant !


Durant la pandémie mon cousin Rémi a décidé de jouer les Robinson.


« Le confinement a été mon île déserte. J’ai fait le pari de me laisser pousser la barbe jusqu’à la fin de l’épreuve sans en connaître la durée. J’ai même débordé le délai et l’ai conservée jusqu’au rendez-vous de pose avec Elsie.  Un rendez-vous via Zoom, muet pour cause de connexion défectueuse de ma part. Un moment hors du temps, suspendu au poil des brosses et pinceaux de ton amie peintre. Lorsqu’ Elsie, la séance achevée, m’a montré mon portrait à travers l’écran, je suis resté sans voix tant je l’ai trouvé réussi. Cela tombait bien puisqu'il n'y avait pas le son.

Désormais, je porte une barbe poivre et sel, mais mon barbier trouve les blancs si bien répartis qu’il affirme qu’on pourrait croire que c'est le résultat d'une teinture. Est-ce le pouvoir du portrait, le regard du barbier ? Toujours est-il que j’ai conservé ma barbe après le déconfinement et décidé de l’apprivoiser. Désormais, je la taille court, je la coiffe en parlant, elle fait partie de ma personne  ».

samedi 20 juin 2020

"Tu es mon grizzli !"

Au salon d'Annie Frot, rue Frédéric Sauton à Paris, 

Samedi 16 mai 2020.

 

Dans le minuscule salon d'Annie, à deux pas de la cathédrale Notre-Dame, il n'y a place que pour deux. Dans ce mouchoir de poche, le tête à tête est intime et réparateur.



Quatre jours après le déconfinement, Carole et Franck se pressent au salon d'Annie. Epuisé et oppressé après ces semaines de sédentarité forcées, le couple a besoin de se régénérer. A la tête d’une entreprise informatique qui emploie neuf personnes, ils ont dû faire tourner la boîte tout seuls et mettre leurs salariés en chômage partiel. Immobiles de neuf heures à vingt et une heures devant leurs écrans d’ordinateurs, leur santé en a pris un coup !
Privés de coiffeur et de coupe énergétique durant huit semaines,  le tandem a besoin de faire peau neuve et de se régénérer.  La  tignasse de Carole est dévitalisée et la frange de Franck est si longue qu’elle lui tombe sur les yeux.  « Tu est mon grizzli » disait Carole à son mari, revenu à l’état sauvage à force de ne pas se couper les cheveux.
Derrière chacun à tour de rôle, Annie interprète leur mal-être. Ses mains auscultent le crâne, la coiffeuse repère les points sensibles et les faiblesses de chacun : le foie et la vésicule biliaire de Franck ont pâti ; Carole souffre d’oppression au poumon et d’une mauvaise circulation sanguine dans les jambes.  Des effets secondaires de la sédentarité et du stress. La coupe au rasoir,  insistant sur les points des méridiens concernés, va permettre de rééquilibrer les organes fragilisés. Le corps de la coiffeuse énergéticienne se fait réceptacle des maux et des nœuds internes de ses "patients". Annie aspire les énergies négatives qu’il lui faut évacuer entre chaque coupe. Elle se libère en secouant vivement ses bras et ses mains et rince son organisme en buvant à grands traits. Après ces deux longs mois d'inactivité forcée, Annie jubile de retrouver son salon , le lien intime et le soin libérateur avec ses habitués.



Carole arrive le visage tendu et le cheveu terne. Au fil de la coupe, ses traits se détendent et sa chevelure reprend du tonus. Même masquée, Annie entre en contact intime avec la chevelure et la psyché de Carole.
Franck s'abandonne avec confiance à Annie. Dans ses mains, on est un peu plus qu'un client et on se sent accueilli, choyé tel un ami.





Annie enveloppe Franck, ses mains virevoltent sur sa chevelure et se connectent à tout son être.

jeudi 9 février 2017

Des bâtons dans les roux

Marie-Madeleine la tentatrice,  par Anthony Frederick Augustus Sandys 1858
Internet et les réseaux sociaux ramènent les roux au cœur des moqueries. 
Depuis toujours, les chevelures rouges sont stigmatisées. Dès la Haute Antiquité, les égyptiens représentent le dieu Seth, qui a tué et découpé son frère Osiris en morceaux, comme un être impie, violent et roux. Le Moyen Âge persécute ceux qui sont dotés d'une chevelure flamboyante, les accusant d'animalité et de sorcellerie : de nombreux innocents périssent sur les buchers, mêlant leur mèches rouges aux flammes de l'enfer. En 1254, Saint-Louis ordonne même au prostituées de se teindre en roux, "couleur des feux de la luxure", pour les distinguer des femmes respectables. 
Force est de constater que huit siècles plus tard, les poils de carotte ont toujours la vie dure. La rareté de leur couleur de cheveux - un pour pour cent seulement de la population mondiale est rousse - en est-elle la cause ? C'était en tout cas le point de 
vue de Cyrano de Bergerac qui, à propos d'une fort jolie femme aux torsades auburn, écrivait ceci : "Une belle tête, sous une perruque rousse, n’est autre chose que le Soleil au milieu de ses rayons. Cependant tout le monde en médit, à cause que peu de monde a la gloire de l’être !"

lundi 6 février 2017

Pas de cheveux, c'est fâcheux !

Selon Le Monde du 4 Février,  la Corée du Sud serait impitoyable avec les chauves. 
Un certain Mr Kwon, trentenaire sans emploi et sans un poil sur le caillou, s'est vu refuser un job sous prétexte de sa calvitie. En Corée du Sud comme au Japon, 
les hommes au crâne lisse sont moqués. Dans d'autres parties du monde, on leur prête, au contraire, un surplus de puissance et d'autorité.
Fascination-répulsion, depuis l'Antiquité les cheveux sont le siège de la force vitale. Samson doit son pouvoir à sa magnifique chevelure et Dalila le rend impuissant en coupant les sept tresses qui ornent sa tête. 
Au cinéma aussi, on oscille entre les figures de chauves aux pouvoirs démoniaques 
et les crânes rasés de personnages humiliés, sans oublier les cerveaux lisses des 
extra-terrestres, leur front sans limite exprimant leur intelligence supérieure et désincarnée...




dimanche 15 janvier 2017

Bienvenue au salon du 15ème art.

Sylvie, gérante du salon le 15ème art, au bac, avec une habituée du salon. 
Au 15ème art, s'il y a un art qui compte autant qu'une bonne coupe ou une couleur réussie, c'est celui de l'accueil. Sylvie, la gérante du salon y est pour beaucoup. Sa bonhommie sans chichi n'a d'égale que la délicatesse de son cœur. À l'angle de l'avenue Emile Zola et de la rue de Tournus, la patronne du 15ème art mène son salon avec beaucoup d'énergie et d'humanité. Cette femme du Nord, originaire d'une famille modeste de Belgique, a monté son affaire à la force du poignet et un sens inné de l'hospitalité. Pousser la porte de son salon, c'est se sentir comme à la maison. Ni formule guindée d'accueil, ni réception maniérée, mais un franc bonjour suivi de son prénom ! 


Jennyfer, le bras droit de Sylvie, aussi flamboyante que sa chevelure.
Aussi extravertie que sa patronne est discrète, Jennyfer est à Sylvie ce que le soleil est à la lune. La jeune femme tient de sa mère, ancienne Claudette, sa silhouette élancée de danseuse et de ses îles d'origine, sa gaité indolente. Une boutade, un clin d'œil malicieux et la plus réservée des clientes se sent prête à toutes les audaces. Avec Jennyfer, renouveler son look est une volupté. Elle-même montre l'exemple en changeant de coiffure tous les quatre matins, testant de façon intrépide toute les couleurs du nuancier. "Car la première chose qu'un homme regarde chez une femme, c'est sa coiffure, pas ses pieds !"


Bac ou casque, séchoir ou rouleaux, les doigts de fée de Jennyfer font des miracles !
La couleur est réussie. Perfectionniste, Sylvie, fait briller chaque mèche.
Chaque semaine, Gaëlle vient se défriser par Jennifer, la bouclée.
Sa belle chevelure d'ébène lissée et domptée, Gaëlle est métamorphosée.

Pour Dora l'orientale, conserver sa féminité est la moindre des politesses.

"Miroir, suis-je belle?" Que l'on soit une vieille dame digne qui veut rester élégante, une jeune femme active soucieuse de son apparence ou une adolescente indécise en quête de son image, la réponse est toujours valorisante dans les miroirs du 15ème art. 
Le secret de ces métamorphoses ? Les gestes habiles et attentionnés d'un duo de coiffeuses passionnées. 

samedi 15 octobre 2016

Nos tignasses

Elsie, la blonde

Catherine, la brune

C'est le grand retour de notre duo échevelé. "Deux coeurs, quatre prunelles.." comme dans la chanson des soeurs jumelles bien plus illustres que nous deux ! Bientôt, un reportage dans un salon de quartier et notre revue de presse ébouriffante de l'actualité de cette rentrée.

Le blog

samedi 20 février 2016

Ma déco comme che veux !




En Chine le cheveu est une industrie. L'empire du milieu est le premier exportateur au monde de chevelures. Mais aussi le plus grand importateur de bois exotique. Partant du constat qu'une tignasse pousse seize fois plus vite qu'un arbre, le pays a inventé un  nouveau marché. Le documentaire Hair highway ci-dessus montre comment, substituant mèches et résine à la marqueterie boisée, la Chine a imaginé, pour sa déco, un  alter-matériau. Doré comme l'ambre, veiné de cheveux, solide comme une carapace de tortue, le nouvel alliage fait fureur. Cette coiffeuse tendance en témoigne.
Coiffeuse en marqueterie mêlant résine naturelle et mèches de cheveux.

Une création d'Azusa Murakami et d'Alexander Groves du Studio Swine

mardi 9 février 2016

Nouvel an chinois : l'année du singe!

Elsie en contemplation devant une des aquarelles de Walton Ford. Photo, Damien Chavanat.

La chevelure d' Elsie s'est fondue dans le pelage de cet orang-outang fêtard, l'incitant à le suivre vers une lumière prometteuse de festivités ! Courez-voir l'exposition de Walton Ford, artiste américain atypique, né à New York en 1960. Ses aquarelles géantes représentent toutes sortes d'animaux exotiques dans des décors et situations mêlant surréalisme, humour et allégorie. 
Une œuvre subversive et fascinante au musée de la Chasse et de la Nature, dans le Marais, à Paris, prolongée jusqu'au 28 février.

vendredi 29 janvier 2016

Alphabet d'encre et de soie

Shurong Diao, artiste américaine a conçu cet alphabet chevelu.
"Je voulais construire un pont entre les caractères chinois et les lettres romanes" a déclaré Shurong Diao au HuffPost. "En utilisant la chevelure noire si particulière des femmes asiatiques, j'ai créé une police d'écriture imitant l'effet de l'encre sur le papier de riz."

dimanche 24 janvier 2016

C'est dans l'hair...

Vous n'allez pas en croire vos cheveux. France is in the air.
On voyage d'abord dans sa tête. La terre est bleue comme une orange. Dessine-moi un avion !

vendredi 15 janvier 2016

An avant la musique !


Le Barbier de Séville à l'Opéra Bastille d'après la photo de l'affiche signée Lola Guerrera/VOZ'image.

Un barbier de qualité, vous connaissez ? Il paraît qu’il y en a un très bon à Séville. C’est un peu loin pour vous ? Alors il en arrive un autre, tout aussi talentueux, à Paris. Il s’installe place de la Bastille à partir du 2 Février. Mais les places sont chères et il faut réserver dès maintenant pour être bien assis.

Assez plaisanté ! Si vous ne voulez bourse délier à l’Opéra Bastille, écoutez sur notre blog la célèbre ouverture de l’Opéra de Rossini pour débuter l’année en majesté.

Avec le barbier Figaro, célèbre entremetteur des amours de Rosina et du comte Almaviva, entrez en 2016 sur cet air allègre au rythme endiablé.

Au poil et en musique  à nos côtés !

2016 sur un air de Figaro

jeudi 17 septembre 2015

" La robe rouge "


Le témoignage d’Esperanza


"J’ai commencé à perdre mes cheveux à l’âge de quatre ans ; je les retrouvais le matin sur mon oreiller, laissant de grandes plaques douces et lisses sur mon crâne ; quand ils repoussaient d’un coté, ils tombaient de l’autre.
Ma mère était atterrée par cette perte. Le médecin du quartier évoqua la gale, mais les prélèvements pratiqués avec grande précaution pour ne pas me toucher, ne révélèrent aucun problème infectieux. Ce fut l'unique fois où je vis ma mère pleurer. Sans culture mais dotée d'une grande intelligence, elle réussit à me conduire à la meilleure consultation de dermatologie de Paris.
A l'époque, j'étais une enfant ballotée entre deux adultes qui se déchiraient. Mon père m’avait littéralement enlevée à ma mère et emmenée avec lui en Espagne pour la punir d’avoir rompu avec lui. Là bas ne sachant pas quoi faire de moi, il m’avait « placée » chez son frère dont l’épouse ne pouvait pas avoir d’enfants. Je servais à la fois d'objet de chantage entre mes parents et d’enfant de substitution pour mon oncle et ma tante.

L’enlèvement après l'école

Dans ma mémoire de petite fille la scène est extrêmement brutale : mon père vient me chercher à l’école maternelle et fait valoir le droit espagnol paternel auprès de la directrice sidérée. Puis il me ramène chez ma mère, lui annonce que je pars avec lui et qu'elle n'a aucun pouvoir de l'en empêcher. Ma mère m’a enfilé ma plus belle tenue, une petite robe rouge en laine, qui grattait un peu et que j'adorais. Ce fut mon unique bagage. Mon père m'a prise par la main et a refermé la porte.
Combien de temps a duré l’épisode de mon placement à Madrid ? Je pense que j’ai été déscolarisée plusieurs semaines, peut-être même plusieurs mois. Un jour, ma mère n'y tenant plus a déboulé chez mon oncle pour me récupérer mais l'histoire s'est terminée au commissariat : le droit était du côté de son mari et elle du repartir bredouille.  Séparée d'elle, j’ai commencé à dépérir et à refuser de manger. Un médecin a fini par comprendre ma souffrance et a convaincu mon père de me ramener chez moi.

Adieu mes cheveux !

De retour à Paris, mes cheveux ont commencé à tomber par plaques. Ma mère désespérée, s’employait à masquer mes zones de calvitie par des coiffures compliquées (un peu à la façon dont le président Giscard d’Estaing rabattait une longue mèche sur son crâne). Elle s'obstinait à me trainer chez des spécialistes. Un jour à l'hôpital Saint-Louis un dermatologue qui devait m'appliquer de la neige carbonique fumante sur la tête a eu pitié de mon calvaire ; je l’entends encore dire à ma mère « Fichez la paix à cet enfant ! »
A partir de là, mes cheveux n'ont pas  repoussé mais on m’a laissée tranquille.
Un jour le savant montage que s’ingéniait à créer ma mère pour masquer mes pelades a lâché en pleine cour de récréation; ce fut  l'horreur ! Convoquée par la directrice, ma mère dut fournir à l’école un certificat de non-contagion !

La petite fille écartelée

Progressivement et surtout à l’adolescence, les pelades se sont espacées. Personne n’a songé à me conduire chez le psychologue mais j’ai compris peu à peu le choix impossible de la petite fille que j'étais, écartelée entre son père et sa mère. Les enfants entendent tout, ils perçoivent les drames qui se jouent entre les adultes mais n'ont pas de mots pour exprimer leur désarroi. J’ai été un enjeu de pouvoir entre mes parents et mon corps a crié ma détresse. Toute mon attitude avec les enfants aujourd’hui est basée sur le respect qui leur est du et dont je pense avoir été privée. Le hasard toujours farceur, m'a fait épouser un marchand de jouets;  j’anime des ateliers avec les petits, peut-être pour préserver ce territoire de l’enfance dont j’ai été privée.

Couper les fils du passé

Aujourd’hui, à peu près guérie de ce traumatisme, je souhaite franchir une étape supplémentaire.  Alors que j'aborde la cinquantaine avec les cheveux longs, je voudrais adopter une coupe courte et légère qui exprime l'autonomie que j’ai conquise. Une façon de tourner définitivement la page de mon enfance volée. Un cycle se termine, un autre commence. Les enfants grandissent et commencent à poser des problèmes d’adolescents, les parents vieillissent… je voudrais me libérer de tous ces liens qui m’entravent,  conquérir une vraie liberté. Le rêve de couper mes cheveux participe de ce désir. Mais je n'ose pas franchir le pas. »



Propos recueillis par Catherine, le 31 mars 2015

jeudi 10 septembre 2015

"J'ai fait un songe prémonitoire"


Le témoignage de Frank

 "De 2009 à 2013, j’ai fait une série des rêves prémonitoires qui ont changé le cours de ma vie.
Le premier a ébranlé mon corps qui a été traversé par un mouvement semblable à la reptation d’un serpent. Cette vibration intense a touché mon être intime comme un événement capital dont l’ignorais le sens mais dont j’ai senti immédiatement l’importance. Deux jours plus tard, j’ai emprunté la route qui me conduisait à mon travail. La circulation était anormalement fluide. Devant moi un camion benne chargé de gravats a laissé échapper une énorme pierre qui a roulé jusqu’à ma voiture. J’ai du donner un coup de volant brutal pour ne pas la percuter. Je n’ai pas réalisé immédiatement que le zigzag qu’avait fait mon véhicule ressemblait étrangement à celui du serpent de mon rêve.
 
Au nom du père

Les rêves au volant ont continué à un rythme variable. 
Le dernier m’a marqué car il était inhabituel. Je circulais sur un itinéraire familier et pourtant j’étais perdu. Je montais sur une colline pour me repérer et je voyais en bas l'axe à deux voies je connaissais. Le lendemain matin, j’emprunte le même itinéraire pour aller chercher mon fils. Je suis pressé, je crains d’être en retard et je ne veux pas qu’il s’impatiente. Je mets mon clignotant et je double sans regarder dans mon rétroviseur. C’est l’accident. Un camion me percute de plein fouet, ma voiture fait des vrilles et je me retrouve en équilibre sur le terre plein central. Entier et sans une égratignure. Un miracle. Je coupe le contact, je suis très calme malgré les imprécations du camionneur. Une heure après, je fais le lien avec le rêve.  La même posture en surplomb et sans repères. Le même sentiment de déracinement et d’impuissance dans mon sommeil et dans la réalité. Je suis sidéré. Comment le conducteur prudent que je suis, 25 ans de permis sans une éraflure, a-t-il pu doubler sans regarder en arrière ? Quel refus de mon histoire passée, quelle hâte d’être un père à l’heure pour son fils a supprimé ce réflexe de sécurité, cette règle de prudence élémentaire ? 
Entre ces deux rêves très forts quatre ans se sont écoulés durant lesquels d’autres songes au volant de ma voiture ont peuplé mes nuits. Dans ces rêves, je suis perdu dans des parkings, des zones industrielles, le marché de Rungis. Je cherche mon père - qui est boucher- et avec lequel je ne m’entends pas depuis l’enfance. 

Les deuils appartiennent au passé

Revenons en 2013, les jours qui suivent mon accident, je suis perturbé par ma conduite imprudente qui ne me ressemble pas. Je tire le  Yi-king. Je jette une pièce de monnaie et parmi les soixante quatre combinaisons, je tombe sur l'hexagramme chinois qui me signifie en substance : fin du voyage, retour chez les parents. Je comprends qu’il est temps de guérir ma blessure d’enfance fondamentale et je pars les retrouver. Seul. Libéré par mon accident. Sans amertume par rapport à mon enfance et l’incompréhension qu’ils avaient du gamin que j’étais. Et là miracle, je rencontre à tour de rôle deux êtres transparents, aimants, enfin accessibles. Je leur parle à cœur ouvert. Ils m’entendent. Je me sens enfin accepté, reconnu. La chaine transgénérationnelle violente qui ébranle ma famille depuis des générations est rompue par cette visite.  Morts violentes, guerres, suicides, vies volées par les deuils appartiennent au passé. Je suis vivant et désireux de faire la paix avec mon histoire : je ne veux pas transmettre ce fardeau à mes enfants.
 
Du foin dans mes cheveux
 
Bizarrement alors que j'ai chassé le vers du fruit, je me sens triste, désœuvré. Mon corps est perclus de douleurs. J’entends parler des coupes énergétiques d'Annie qui libèrent la mémoire ancienne des cheveux. J’offre une coupe en cadeau d’anniversaire à mon épouse qui revient transformée. Je m’y rends à mon tour. Les peurs archaïques qui étaient remontées depuis quelques mois cessent immédiatement après la coupe. Elles ne sont jamais revenues. Il m’a fallu attendre la deuxième coupe pour que la tristesse s’en aille aussi. Une émotion est partie avec chaque coupe. Et mes cheveux sont devenus très vigoureux. Annie m’a dit qu’au début des coupes, ma tignasse était sèche comme du foin. Le foin, c’est un souvenir d’enfance heureux. J’accompagnais ma grand-mère et mes oncles faire les foins, ça sentait bon, j’étais  heureux, en sécurité à leurs côtés. Je voulais arrêter le temps. En analysant l’implantation de mes cheveux, Annie a repéré un endroit de ma tête où rien ne poussait. Nous avons recherché ce point dans un livre de médecine chinoise. Le diagnostic correspondait à mon histoire. Ma blessure fondamentale était inscrite sur le réseau énergétique parcourant mon crâne. Depuis, je continue ce travail de libération de la mémoire cellulaire. Les coupes  jalonnent ma renaissance psychique et spirituelle​"

Propos recueillis par Catherine, le 12 mars 2015

samedi 15 août 2015

Du sable dans les cheveux


 Deux femmes courant sur la plage, Musée Picasso, Paris
Nous sommes de retour. Après un printemps silencieux, voici de nouveaux témoignages glanés au fil l'été. Récits d'ici et d'ailleurs pour rêver, s'étonner, s'évader, cet automne à nos côtés.